Psychoéducation de l'enseignant

 Les enseignants doivent être conscients de l'impact du TDA/H sur les différents domaines de vie et des risques associés à long terme, afin d'être motivés à adapter l'environnement pour qu'il réponde au mieux aux besoins de l'élève atteint de TDA/H5,6.

La connaissance des dysfonctionnements neuropsychologiques des enfants atteints de TDA/H peut aider à comprendre leur comportement et leurs difficultés dans la vie quotidienne.

  1.  Les stimuli sensoriels ont, en moyenne, un effet d'activation plus faible sur le cerveau. Cette sous-activation neurophysiologique globale rend les enfants atteints de TDA/H moins accessibles et explique pourquoi une certaine intensité, une certaine franchise et une certaine clarté sont nécessaires pour bien les atteindre. L'adéquation du traitement de l'information dans le TDA/H dépend du rythme, de la variation, de la nouveauté et de l'attrait intrinsèque des stimuli proposés. Cela explique pourquoi les enfants atteints de TDA/H ont des performances très variables et pourquoi les tâches se passent mal lorsqu'il y a peu d'encadrement et qu'ils sont laissés à eux-mêmes. Cette même sous-activation est responsable du fait que les enfants atteints de TDA/H trouvent rapidement que quelque chose est ennuyeux et vivent dans une sorte d'état d'ennui relatif ; une situation désagréable qu'ils peuvent compenser en chipotant, en tripotant toutes sortes de choses et en bougeant.
  2. Les enfants atteints de TDA/H sont plus susceptibles d'avoir des difficultés à réfréner leurs impulsions primaires (impulsions instinctives, automatiques ou émotionnelles). Ils réagissent donc vite et sans filtre. Ils donnent ainsi l'impression d'être sans retenue et impolis, parce qu'ils ne sont pas en mesure de censurer leurs impulsions primaires. C'est pourquoi ils sont aussi plus facilement distraits par des stimuli externes. Ils sont plus enclins à répondre à des signaux qui semblent attrayants et évidents à première vue. De ce fait, ils commettent aussi des « fautes d'inattention » : ils parcourent les informations de manière superficielle, tombant ainsi dans tous les pièges tendus. Par rapport aux devoirs scolaires, ils lisent souvent trop rapidement et inattentivement les consignes, ce qui les conduit à partir du mauvais pied.
  3. Les enfants atteints de TDA/H font preuve de moins de maîtrise de soi (exécutive). Ils agissent de manière moins planifiée et peu ciblée. Ils réfléchissent moins à leur comportement et gardent peu d'informations en tête pendant de plus longues périodes (mémoire de travail moins efficace). Ils ont du mal à contrôler leur attention et ont des difficultés à mémoriser quoi que ce soit. L'apprentissage et les études sont donc difficiles pour eux. Ils sont plus susceptibles d'acquérir leurs connaissances de manière implicite, à travers leurs activités et leurs expériences, mais beaucoup moins susceptibles d'accumuler des connaissances par l'étude ou le travail scolaire. Il n'y a pas non plus de petite voix intérieure qui les prévient lorsqu'ils enfreignent les règles ou qui les aide à appliquer toutes les étapes intermédiaires des exercices ou des routines quotidiennes. Ils sautent, pour ainsi dire, d'un moment présent à un autre.
  4. Leur aversion pour les délais en fait des enfants très impatients. Le temps vide et l'attente créent des sensations désagréables, qu'ils veulent éviter par toutes sortes de mouvements secondaires sans but et d'autoactivation. Leur incapacité à différer leurs attentes en matière de valorisation entraîne un désir très exigeant de satisfaction immédiate des besoins et des réactions de déception en cas de report. Le fait que l'approbation doive être pour ainsi dire immédiate explique aussi pourquoi il leur est très difficile de travailler longtemps à l'avance, alors qu'ils sont souvent capables de gros efforts à la dernière minute.
  5. Leur perception déformée du temps les conduit à des réactions extrêmement indignées lorsqu'ils doivent clore des activités agréables et à l'idée que les tâches plus ennuyeuses seront d'une longueur insurmontable.
  6. Pendant les activités de réflexion, le circuit neurologique responsable de la « rêverie » demeure actif chez les enfants atteints de TDA/H. Les parents et les enfants décrivent souvent comment la « porte » permettant de faire entrer les informations dans la tête « s'ouvre et se ferme » et comment ces deux états sont essentiellement différents pour eux. Beaucoup de travail peut parfois être accompli en peu de temps ; à d'autres moments, on passe des heures à essayer, mais en vain.

On constate que toutes ces fonctions neuropsychologiques sont significativement altérées par le TDA/H, mais elles ne sont pas nécessairement toutes présentes chez chaque enfant. À partir de l'analyse des forces et faiblesses cognitives et de l'analyse des symptômes dans le cadre de l'examen diagnostique général, il est possible d'établir une palette individuelle des besoins dans le plan d'action.

Le matériel psychoéducatif développé pour les parents peut également être utile aux enseignants (voir rubrique « psychoéducation»).

Lorsqu'il a une meilleure connaissance et une meilleure compréhension des symptômes du TDA/H, l'enseignant abordera automatiquement l’enfant/l'adolescent de manière différente. Il y aura plus de tolérance, une approche plus positive et moins de remarques négatives. Il est frappant de voir comment les élèves atteints de TDA/H s'épanouissent lorsque l'enseignant parvient à établir avec eux une relation positive et de soutien. Cela, combiné à un encouragement et une valorisation continue à court terme pendant les moments d'enseignement, permet parfois déjà de faire naître un engagement suffisant et d'éviter les comportements rebelles.